Un jour, une femme : Elsa Triolet

Nous vous présentons aujourd'hui le portrait d'Elsa Triolet (1896-1970), écrivaine bilingue et résistante française.

Née à Moscou, sous le nom d'Ella Kagan, et issue d'une famille bourgeoise juive brillante et cultivée, Elsa Triolet a fréquenté très jeune les milieux intellectuels progressistes de la capitale russe, Moscou.

Ella Kagan apprit très tôt le français et le piano, et voyagea beaucoup à l'étranger avec sa mère et sa sœur.

A partir de 13 ans, elle commença à tenir un journal intime jusqu'en 1940. Elle entreprit des études d'architecture et obtint le certificat de fin d'études de la section féminine des cours d'architecture de Moscou en 1918.

A 15 ans, en 1911, elle rencontre Maïakovski, poète, qui deviendra un grand ami, certainement un grand amour d'Ella, durant quatre années avant qu'elle le présente à sa sœur, Lili Brik.

Etudiante, Elsa fréquentait un cercle d'écrivains futuristes et formalistes qui se situait dans la mouvance révolutionnaire.

En 1917, à Moscou, elle rencontra André Triolet, officier français, qu'elle rejoint en France après la fin de ses études en 1919 pour l'épouser. Ils se séparèrent deux ans après.

Entre Paris et Moscou, où elle revient en 1925-1926, Elsa Triolet écrit "Fraise des Bois", l'histoire transposée de son enfance et de sa jeunesse entre Moscou et Paris, et "Camouflage", qui évoque le Montparnasse des années 1920 dans lequel elle a vécu.

Passant du russe au français, Elsa n'a pas fait qu'écrire des romains, des nouvelles ou des articles de journaux. Elle a fait aussi de la traduction du russe au français puis du français au russe pour de nombreux poètes ou auteurs.

Elle eut aussi une activité journalistique : reportages sur le 9 février 1934, sur le Front populaire, sur l'Espagne de 1936, parus dans différentes revues russes.

Dans les années 1930, elle fit beaucoup de voyages avec Louis Aragon (poète, romancier et journaliste) et l'accompagna dans ses diverses activités notamment en tant qu'interprète lors du Ier Congrès des écrivains pour la défense de la Culture (juin 1935) qui s'est tenu à Paris.

Dans l'impossibilité de publier des livres en Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) et vivant en France, Elsa Triolet se mit progressivement à écrire en français.

En 1938, elle publie son premier livre dans cette langue : "Bonsoir Thérèse". Elsa Triolet et Louis Aragon se marièrent en février 1939 et elle continua à écrire pendant la Seconde Guerre mondiale qui avait éclaté en septembre 1939.

A la Libération, Elsa est au sommet de sa gloire, muse d'Aragon, dont les poèmes sont lus par tous, et résistante reconnue, elle est devenue un écrivain célèbre en recevant en 1945 le prix Goncourt, le premier attribué à une femme, pour son recueil "Le premier accroc coûte deux cents francs".

Elle se sentie avec ce prix comme Française, elle qui se considérait souvent comme étrangère. Après la guerre, elle devient secrétaire au Comité national des écrivains et journaliste pour des revues françaises. Elle participa au Congrès de la paix de 1949.

Elle mena un travail pour la défense des livres progressistes, ce qui la conduit à impulser la création de bibliothèques à traves toute la France. Elle continua ses activités militantes pour la paix en parallèle.

A partir des années 50, elle se consacra principalement à l'écriture du fait de sa santé fragile. Elle s'est battue toute sa vie pour conquérir une vie digne de l'homme, pour que le mensonge, le mépris et l'injustice disparaissent. Elle s'est éteinte le 16 juin 1970.